Des nouvelles du Karoo Predator Project

Comme annoncé en mars dernier, voici le second article proposé par la biologiste Marine Drouilly qui, comme le PGP le fait dans le Massif jurassien, travaille en Afrique du Sud sur la cohabitation des prédateurs et des activités humaines.

Pour commencer, nous tenons à signaler que Marine a été très agréablement surprise par le nombre de courriers et autres demandes d’informations qu’elle a reçu suite à la publication de son premier article sur notre site. Le PGP est fier de servir de relais entre son travail et votre curiosité, aussi, comme elle à la fin de cet article, nous vous encourageons vivement à prendre régulièrement des nouvelles sur l’avancée du Karoo Predator Project en la contactant à cette adresse: drouillymarine@yahoo.fr

Relire le premier article de mars 2013

Marine Drouilly :

Des pièges… photographiques (!) pour détecter les prédateurs et estimer la richesse en biodiversité des fermes

Bonjour à tous d’Afrique du Sud où le Karoo Predator Project continue ses progrès. En voici des nouvelles bien fraîches – c’est l’hiver en Afrique australe et les plus hautes montagnes du Karoo sont recouvertes de neige!

Le projet a terminé le déploiement de plus de 180 pièges photographiques dans une vingtaine de fermes du Karoo constituant notre zone d’étude, soit plus de 80 000 hectares. Les fermiers se sont montrés très coopératifs et intéressés par le projet. Après avoir passés tout l’été (notre hiver) sur le terrain, les pièges photographiques ont révélé les premiers résultats (près de 180 000 photos ont été prises !) que j’ai pu présenter aux fermiers, à des ONG locales de protection des carnivores, ainsi qu’à divers acteurs du monde de la chasse et du piégeage, de l’agriculture et de l’élevage ovin. Le bilan a été extrêmement positif avec de plus en plus de monde intéressé par le projet et voulant participer.

Installation d’un piège photographique dans une ferme. Il est très important d’introduire le moins possible d’éléments étrangers lors de la pose des caméras, car les animaux sauvages – et en particuliers ceux qui sont persécutés – se montrent très craintifs. Nous utilisons donc les roches de la région comme support.

Installation d’un piège photographique dans une ferme. Il est très important d’introduire le moins possible d’éléments étrangers lors de la pose des caméras, car les animaux sauvages – et en particuliers ceux qui sont persécutés – se montrent très craintifs. Nous utilisons donc les roches de la région comme support.

Bien que le Karoo soit un semi-désert avec peu de couvert végétal et que les prédateurs y soient souvent persécutés, les premiers résultats du piégeage photographique semblent être positifs en terme de biodiversité, avec une trentaine d’espèces de mammifères de plus de 1kg présentes. Il est cependant difficile de conclure avant de mener une étude similaire dans une aire protégée de la région, ce qui est prévu pour octobre 2013.

Photographie d’un raphicère, petite antilope présente dans notre zone d’étude et proie importante pour le caracal.

Photographie d’un raphicère, petite antilope présente dans notre zone d’étude et proie importante pour le caracal.

Malgré l’absence de flash et l’utilisation de roches comme supports de l’appareil, ce dernier a été repéré par un caracal.

Malgré l’absence de flash et l’utilisation de roches comme supports de l’appareil, ce dernier a été repéré par un caracal.

 

En attendant, je récolte d’autres données qui seront importantes pour la compréhension du système, comme les fécès des prédateurs ou encore les carcasses des chacals et caracals tués lors des chasses et des campagnes de piégeage dans tout le district (pour rappel, ces deux espèces sont considérées comme « vermines » en Afrique du Sud). Cela va permettre de quantifier la part exacte de proies domestiques (moutons, chèvres) présente dans l’alimentation des prédateurs (via leurs fécès et les contenus stomacaux des animaux morts). L’intérêt est de comprendre les variations du régime alimentaire des prédateurs en fonction des différentes méthodes de gestion des fermes (déterminées par la voie de questionnaires), et entre fermes et aire protégée. Toutes ces données vont permettre d’établir le fonctionnement du système actuel, avant la mise en place de méthodes non-létales de protection des troupeaux.

Les pièges photographiques nous permettent aussi de déterminer les périodes des naissances. Les premières pluies de décembre ont apporté la nourriture nécessaire aux petits. Ici, l’oisillon d’une outarde kori, le plus gros oiseau africain pouvant voler.

Les pièges photographiques nous permettent aussi de déterminer les périodes des naissances (Ici le plus gros oiseau africain pouvant voler, l’outarde Kori). Les premières pluies de décembre apportent la nourriture nécessaire aux petits.

La saison des naissances a débuté chez les brebis aussi. Les fermiers sont tendus car c’est la période où le cheptel est le plus vulnérable aux prédateurs. Ici, une brebis venant de donner naissance à deux jumeaux.

La saison des naissances a débuté chez les brebis aussi. Les fermiers sont tendus car c’est la période où le cheptel est le plus vulnérable aux prédateurs. Ici, une brebis venant de donner naissance à deux jumeaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

Les prochaines nouvelles du projet seront publiées d’ici 3 mois sur le site du PGPJ. Entre temps, si vous avez des questions ou des suggestions, n’hésitez pas à me contacter: drouillymarine@yahoo.fr