Le nouveau Plan Loup 2013-2017 a été officialisé le 5 février dernier par les ministres de l’Ecologie et de l’Agriculture après plusieurs mois de concertation.
La première analyse que l’on peut faire de cette présentation est de déplorer une fois de plus le clientélisme des actions présentées. En effet, si le projet fait état de mesures simplifiées au niveau des indemnisations, ce qui pourrait agir favorablement dans un processus d’acceptation (les éleveurs subissant des dégâts sont en plus ensevelis sous les documents administratifs pour percevoir les dédommagements), il laisse surtout la porte grande ouverte à des prélèvements d’ampleur.
Même si la ministre de l’écologie Delphine Batho confirme bien que « Le loup est et restera une espèce strictement protégée », il est également dit dans ce nouveau plan « qu’il sera néanmoins possible de tenir compte de la bonne dynamique de population de l’espèce afin de mettre en place une gestion plus fine ».
Et différentes mesures accréditent cette autre vision de la problématique : gestion différenciée de la présence de l’espèce (dans certaines régions, les tirs d’effarouchement, de défense et de prélèvement seront privilégiés), hausse des prélèvements (le nombre de prélèvement sera indexé sur la croissance de l’espèce ce qui augmentera chaque année le nombre d’animaux pouvant être tués), amélioration de l’efficacité des tirs (formations dispensées aux éleveurs et aux agents de l’ONCFS).
Quant à la mesure visant à capturer des loups dans onze parcs naturels régionaux pour les « éduquer » afin de les empêcher de revenir….
Notons que toutes ces mesures sont directement destinées à nuire à la présence du loup alors que rien de neuf n’est prévu pour tenter d’accompagner sa présence…
A ce nouvel arsenal, n’oublions pas d’ajouter le texte de loi « visant à créer des zones de protection renforcée contre le loup », voté en première lecture par le Sénat le 30 janvier…soit une semaine avant l’annonce du nouveau plan loup ! Ce texte doit maintenant être soumis à l’assemblée nationale mais un tel procédé démontre une fois de plus qu’il n’y a aucune logique rationnelle dans la prise de position concernant la présence du loup en France. (Cf article du Progrès du 31.01.13 ci-dessous)
Depuis le retour de l’espèce en 1992, on assiste à toutes formes de pressions de la part de lobbys dont l’unique préoccupation est la défense de leurs intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général. Et force est de constater que, malheureusement, ce processus fonctionne très bien en France…démocratie où la présence des grands prédateurs est pourtant plébiscitée par une grande majorité de nos concitoyens.
Le PGPJ n’a jamais nié les difficultés rencontrées dans la recherche de consensus entre activités pastorales et présence de grands prédateurs, les actions d’assistance aux éleveurs que nous menons sur le terrain depuis bientôt 6 ans en sont une preuve tangible, mais il est grands temps maintenant de passer à un réel accompagnement de ces espèces en renforçant (ou simplement en mettant en place !) les systèmes de protection des troupeaux qui ne sont actuellement pas adaptés.
Les problèmes économiques obligeant les éleveurs à avoir des troupeaux toujours plus importants ne sont pas imputables à la présence du loup….le prédateur les met simplement un peu plus en évidence. Et croire que l’on peut protéger 1500 brebis avec 2 chiens de protection dans une zone de présence de loup, c’est l’assurance d’avoir un nombre toujours croissant de prélèvements…..tant de moutons que de prédateurs !
Retrouvez la réaction de notre chargé de mission Patrice Raydelet à ce nouveau Plan loup lors de l’interview par RCF ci-après:
Pour conclure sur une note plus positive, 4 élèves du LEGTA de Montmorot organisent ce week-end (16 & 17/02) une exposition de photos naturalistes dans le hall d’honneur du CARCOM à Lons-le-Saunier et vous pourrez notamment y voir 2 membres du PGPJ, Patrice Raydelet et Fabien Bruggmann, qui présenteront leur ouvrage « Rencontres animales dans le Massif Jurassien ». Venez nombreux! (Ci-dessous le communiqué de presse de l’expo)