Le ministère du Développement Durable effectue une consultation publique portant sur les animaux dits « nuisibles » jusqu’au 24 juillet 2012.
Depuis de nombreuses années, une liste d’espèces animales dites « nuisibles » est publiée annuellement dans chaque préfecture française pour définir les dates et modalités de destruction des espèces concernées.
Dorénavant cette liste ainsi que les modalités d’application sont fixées par un arrêté ministériel et ce pour les trois années à venir.
Pour donner votre avis et faire évoluer cette liste dans le sens d’une réelle volonté de « développement durable », vous trouverez ci-après un exemple de texte (publié avec l’aimable autorisation du RAC) concernant le renard que vous pouvez copier/coller sur cette page:
Participer à la consultation publique
Madame, Monsieur,
Je constate que le renard est actuellement classé « nuisible » dans tous les départements.
Considérant ce classement totalement injuste et rétrograde, je souhaite porter à votre connaissance les quelques éléments suivants.
– Le renard ne représente pas une menace pour la santé publique :
En 2001, la France déclara officiellement avoir éradiqué la rage vulpine, suite à une campagne de vaccination réalisée avec succès (et non grâce à la destruction, stratégie première qui se révéla inefficace). Dès 2002, soit quelques mois plus tard, les chasseurs mirent curieusement en avant une nouvelle maladie pour justifier la persécution du renard : l’échinococcose alvéolaire. Il s’agit maintenant de la maladie évoquée pour justifier un prétendu problème de santé public.
Le risque de contamination pour l’Homme est présent en cas de consommation de végétaux souillés par des déjections infectées.
Cependant, dans les zones à risques, il existe des mesures relativement simples à mettre en place afin d’éviter efficacement la maladie : ne pas toucher les excréments, se laver les mains avant chaque repas, faire cuire/bouillir les aliments sauvages, vermifuger les chiens et chats (ces derniers constituent du reste un facteur de contamination bien plus important que les renards).
Par ailleurs, la quasi-totalité des cas humains s’avèrent non mortels : une équipe de chercheurs francs-comtois a démontré que l’Homme est un mauvais hôte pour ce parasite et que des mécanismes du système immunitaire se mettent en place permettant de s’en débarrasser spontanément.
En outre, l’échinococcose alvéolaire est une maladie très localisée : 70 à 80% des départements français ne seraient pas concernés.
Par conséquent, le renard ne représente pas une véritable menace pour la santé publique.
De plus, j’attire particulièrement votre attention sur ce point : détruire les renards n’est pas un moyen de lutte contre la maladie, au contraire, il a été démontré que cela intensifie sa progression notamment pour les raisons suivantes :
-En tuant des renards dont la majorité des individus sont sains, les chasseurs laissent de nouveaux territoires à conquérir pour des renards éventuellement contaminés.
-Les renards pourchassés sont très mobiles et, en se déplaçant sur de longues distances, ils risquent ainsi de propager la maladie.
-Les chasseurs pratiquent leurs activités généralement dans différents lieux, ainsi leurs chiens éventuellement contaminés peuvent répandre la maladie.
-Il est fréquent que les chasseurs/piégeurs laissent des carcasses de renards se décomposer dans la nature, ce qui constitue une source de contamination.
-Enfin, lors des déterrages de renards, les chiens ayant été à chaque fois en contact direct avec les renards, peuvent propager la maladie d’un terrier à l’autre.
C’est pour ces raisons qu’en 1998 les autorités du Pays-Bas ont très logiquement interdit la chasse du renard.
Le seul moyen efficace de lutter contre l’échinococcose alvéolaire est le dépôt d’appâts contenant un vermifuge. Des tests ont été effectués avec succès en Allemagne : des appâts contenant du Praziquantel ont été déposés dans une région où 34% des renards étaient contaminés par l’échinococcose. 14 mois plus tard, seul 4% des renards étaient infectés. Dans cette population de renards où plus d’1 individu sur 3 était infecté, seul 1 sur 25 l’était toujours après le traitement.
Ainsi, une campagne analogue pourrait être mise en place en France et permettrait sans doute, d’ici quelques années, d’éradiquer l’échinococcose alvéolaire de la France.
– Le renard ne cause pas d’importants dommages aux agriculteurs ni aux éleveurs, bien au contraire :
Chaque renard consomme 8 000 à 10 000 petits rongeurs par an, lesquels se nourrissant en particulier de céréales commettent des dégâts sur les cultures et les herbages.
La DREAL Haute Normandie a présenté en novembre dernier une note portant sur l’intérêt économique des mustélidés : elle estime, pour le seul département de l’Eure, que le fait de les piéger entraîne une perte de 105 000 € (à cause de l’absence de cette protection indirecte due à l’élimination des « ravageurs » des cultures).
Le renard est un canidé, mais celui-ci ayant une alimentation similaire à celles des mustélidés (il se nourrit principalement de micro-rongeurs), les conclusions de cette note lui sont donc également applicables. Ainsi, loin de porter préjudice aux agriculteurs, les renards leurs sont au contraire des alliés précieux et leur destruction se révèle être à l’origine d’importantes pertes financières.
En ce qui concerne les élevages, les dégâts provoqués par les renards sur des élevages avicoles professionnels sont minimes, car les oiseaux sont généralement placés dans des bâtiments fermés ou détenus dans des terrains très bien clôturés. Dans le cas des particuliers, il suffit de vérifier le bon état de la clôture du poulailler et de rentrer les oiseaux chaque soir pour éviter tout problème. Ainsi, les attaques constatées sont la plupart du temps liées à une négligence du propriétaire. En outre, s’agissant d’attaques occasionnelles et se déroulant de surcroit chez des particuliers, est-il vraiment soutenable d’invoquer un « dommage important aux activités agricoles/d’élevages » ?
– Le renard ne cause aucun préjudice aux forestiers, il joue au contraire un rôle bénéfique dans l’équilibre des forêts.
Il me semble bon de citer deux spécialistes de la biologie du renard, Claude Rivals et Marc Artois, qui rappellent très justement que le renard, en jouant son rôle de prédateur naturel, procède à « l’élimination des animaux faibles, malades ou morts, évitant pullulation et épidémies. Son rôle de « policier sanitaire » a été maintes fois souligné.
– Le renard ne porte pas atteinte à la protection de la flore et de la faune et ne cause pas de dommages importants à des formes de propriétés diverses.
Par conséquent, le classement du renard parmi les espèces dites « nuisibles » est injustifié.
Aussi, je vous demande de bien vouloir retirer le renard de la liste des espèces classées « nuisibles » pour chaque département.
Cordialement,
Nom, prénom, ville