Alors qu’un individu (femelle) a encore été tué par une voiture le 3 mars dernier dans le Haut Doubs et que les cas de braconnage semblent se multiplier sur l’ensemble du Massif jurassien, la fédération départementale des chasseurs du Jura persiste dans son intention d’obtenir des quotas de tir de lynx.
Une adhérente du PGPJ nous a adressé dernièrement une copie du courrier que la fédération de chasse du jura a envoyé aux présidents des sociétés de chasse ainsi qu’au parc naturel régional du Haut Jura, à la gendarmerie, au syndicat des propriétaires forestiers et à l’ensemble des communes jurassiennes concernées par le suivi lynx (Pour lire ce courrier, cliquez sur ce lien Courrier fédération chasse 39 suivi lynx).
Il y est question du suivi photographique (avec pose de pièges photo) mis en place depuis la fin de l’année 2010 dans les départements du Jura, du Doubs et sur la partie frontalière suisse par l’ONCFS (Réseau lynx) en collaboration avec l’ONF, la fédération régionale des chasseurs de Franche-Comté et celles départementales du Jura et du Doubs afin de recueillir le maximum d’informations sur les lynx présents dans différents secteurs pour ensuite définir une densité de population du félin.
Malheureusement, dans la dernière partie dudit courrier, il s’avère que pour les chasseurs, la collecte de ces données n’a en fait qu’un seul but: « Le conseil d’administration de votre fédération s’est engagé fortement dans ce programme concrétisé dès cette année par le suivi de cette espèce conformément à la dernière assemblée générale où les chasseurs jurassiens avaient souhaité obtenir à terme des mesures de régulation de la population de lynx.«
… Voici donc la seule et unique motivation des chasseurs à apporter leur soutien à cette étude en partie financée par l’Etat (ONCFS, ONF): Faire pression pour obtenir le droit de tirer une espèce protégée…par l’Etat !
Et ils vont même plus loin dans le dénigrement : « Nous savons le problème de prédation causé par cet animal et l’exaspération qu’il provoque chez les chasseurs mais nous avons impérativement besoin des données attestées et validées pour avoir un espoir d’aboutir« .
Rappelons que la « prédation » en question s’exerce sur les proies favorites du lynx (chevreuil, chamois) et que ces espèces, comme le reste de la faune sauvage, n’appartiennent à personne. Le fait de payer une carte de chasse ne fait pas des chasseurs les propriétaires de la faune et encore moins les décideurs du droit de vie ou de mort. Le lynx, comme tous les prédateurs, est le garant de l’équilibre de la chaîne alimentaire et le développement de sa population est lié à celui de ses proies: c’est le principe de l’autorégulation maintes fois démontré!!!
Quant aux problèmes que la présence du lynx pourraient générer auprès du pastoralisme, nous savons, grâce à la mise en place de chiens de protection et aux études sur l’efficacité de ces derniers (voir notamment le rapport d’étude en page d’accueil de ce site), qu’il est possible de faire cohabiter durablement éleveurs ovins et lynx dans le Massif jurassien et nous en voulons pour preuve la constante diminution des attaques sur troupeaux ces dernières années.
L’une de nos actions prioritaires sera toujours d’apporter ce soutien technique aux éleveurs car d’une part leur activité participe au développement de la biodiversité en maintenant des milieux ouverts et d’autre part, il s’agit d’un métier dont il est de plus en plus difficile de vivre.
Par contre, nous sommes et seront toujours opposés aux revendications d’un groupe de pression qui n’hésite pas, au simple titre de pratiquer un loisir, à mépriser les lois en tirant des espèces protégées et rares!
Rappelons que rien que sur ces derniers mois, un crâne de lynx avec un impact de balle a été trouvé à Champagnole, 2 jeunes orphelins ont été récupérés entre Jura et Ain, ce qui signifie la disparition de la mère, un autre cadavre a été retrouvé du côté de Prémanon, un cas de braconnage va être jugé
ce vendredi pour un lynx tué aux Molunes (voir article précédent sur ce site)…et cette liste n’est malheureusement pas exhaustive!!!
Le PGPJ adressera un courrier aux responsables du Réseau Lynx pour leur signifier sa profonde opposition aux demandes qui pourront être formulées par les chasseurs et pour leur faire part de la volonté de certains naturalistes de ne plus transmettre leurs données Lynx en raison de l’utilisation à mauvais escient qui pourrait en être faite.
Si, comme nous, vous souhaitez faire cesser le monopole de la « gestion » de la faune sauvage par un lobby qui ne défend que son égoïste loisir et refuse de voir le lynx comme un atout pour toute notre région, rejoignez le PGPJ!
Plus nous serons nombreux, plus nous pourrons faire entendre notre voix!!!
PS: N’oubliez pas, vous pouvez venir assister au procès pour braconnage cité plus haut ce vendredi 11 mars à 10h30 au tribunal de grande instance de Lons-Le-Saunier.